John Steinbeck, The
Grapes of Wrath (1939). The Viking Critical Library (The Grapes
of Wrath : Text and Criticism, éd. Peter Lisca et Peter Hearle), New
York, Penguin Books USA, 1997.
Civilisation
L'empire de l'exécutif : la présidence des États-Unis
de Franklin Roosevelt à George W. Bush (1933-2006).
Des trois pouvoirs de l'État fédéral américain,
c'est certainement la présidence qui s'est le plus profondément
transformée depuis la période fondatrice : aujourd'hui,
même les plus forts partisans de l'exécutif parmi les Fédéralistes
peineraient à reconnaître une institution qu'ils avaient
façonnée en contrepoint de la monarchie anglaise et de
ses dérives autocratiques menaçantes pour les libertés
civiles. Pour autant, cette évolution reste récente puisque
c'est uniquement avec l'élection de Franklin Roosevelt en 1932
que l'on assiste à une redéfinition pérenne de
l'exécutif américain, qui commence avec le Vingtième
Amendement (1933). Dans un régime politique qui ne change que
par crise, les années du New Deal et de la Deuxième guerre
mondiale sont marquées par une première concentration
du pouvoir dans les mains de la présidence selon les deux axes,
horizontal et vertical, de la division du pouvoir aux États-Unis.
L'urgence économique, puis diplomatique et militaire, l'homogénéité
partisane à la tête de l'État, la mise en retrait
de la Cour suprême après l'épisode du Court Packing
Plan de 1937, enfin la nécessité de l'union nationale
après le 7 décembre 1941 participent tous à la
"présidentialisation" du régime américain.
Les présidents Truman et Eisenhower, malgré des pratiques
différentes de l'exécutif, stabilisent l'institution,
inaugurent ses nouveaux contours après la ratification du Vingt-Deuxième
Amendement (1951) et pérennisent aussi, dans le cadre de la Guerre
froide, l'idée de la nécessité du consensus Congrès-Présidence
en politique étrangère dans deux périodes de "cohabitation"
(divided government), 1947-1948 et 1954-1960. John F. Kennedy inaugure,
lui, l'ère de la "personnalisation" de la présidence.
Construction d'un rapport direct avec les électeurs, isolement
par rapport au Congrès : deux caractéristiques de ce que
l'historien Arthur Schlesinger appellera la "présidence
impériale" se mettent en place. La présidence de
Lyndon B. Johnson se révèle à la fois transformatrice
dans son installation d'un nouveau rapport entre les trois pouvoirs
- avec une période d'extraordinaire productivité législative
et d'alignement idéologique avec la Cour suprême sur une
refondation/expansion des droits individuels - en même temps qu'accélératrice
de l'isolement de la présidence autour du débat sur le
Vietnam qui creuse le "déficit de crédibilité"
(credibility gap). Richard Nixon, à partir de 1969, accentue
la césure entre la Présidence et ses contre-pouvoirs,
utilisant avec habilité dynamique les pouvoirs du président
de commandant en chef des forces armées, de chef de l'État
ou encore de "législateur en chef". On entre alors
dans une logique d'affrontement direct avec le Congrès autour
des pouvoirs de guerre, du budget et de la politique étrangère
qui débouche sur la crise du Watergate et l'humiliation de la
présidence. Gerald Ford et Jimmy Carter contribuent, chacun à
leur manière, à réparer l'institution ou à
l'humaniser, une entreprise paradoxale et contradictoire qui n'est,
avec le recul de l'histoire qu'un prélude à la restauration
qu'opère Ronald Reagan (1981-1989). Si le "grand communicant"
réconcilie l'Amérique avec la Maison Blanche et dessine
les contours d'une présidence moderne forte, il relance aussi
le débat sur la compatibilité entre efficacité
et principes fondateurs, dans le débat sur les nominations judiciaires
(Robert Bork) mais surtout sur l'affaire Iran-Contra. L'ancien gouverneur
de Californie démontre aussi que la présidence est devenue
une institution essentiellement perturbatrice dont le pouvoir réside
dans sa capacité à déplacer les rapports de force
à son profit. George H. W. Bush, à contrario, Bill Clinton,
avec des objectifs différents sur la scène nationale comme
internationale, en feront la démonstration. Avec George W. Bush,
on parvient à une théorisation extrême de la présidence
moderne : expansion des pouvoirs de la vice-présidence, "exécutif
unitaire" (unitary executive), "déclarations de signature"
(signing statements), combat pied-à-pied avec les tribunaux et
le Congrès sur le traitement des prisonniers de Guantanamo, redéfinition/expansion
des pouvoirs présidentiels de mener la guerre sont autant de
signes d'une nouvelle "impérialisation" de l'exécutif
américain, qui fait suite à la rupture institutionnelle
qui suit les attentats du 11 septembre 2001.
Dans l'étude de cette évolution rapide de l'institution
dans la période moderne, on prêtera une attention toute
particulière aux points suivants :
les différentes théories de l'exécutif telles
que mises en avant lors du moment constituant et leur réinterprétation
et utilisation dans la période moderne
la jurisprudence des tribunaux et en particulier de la Cour suprême
sur la définition des pouvoirs de l'exécutif
les grands affrontements Présidence/Congrès ou Présidence/Cour
suprême, notamment la crise de 1937, le 80ème Congrès
(1947-1948), le War Powers Act (1973), puis les commissions d'enquête
du Watergate, le pardon de Richard Nixon par Gerald Ford, la crise
Iran-Contra, la mise en accusation (impeachment) de Bill Clinton et
enfin l'autorisation donnée par le Congrès en octobre
2002 au Président Bush d'utiliser la force en Irak.
les contours de la cohabitation à l'américaine (divided
government)
la légitimation du pouvoir présidentiel par le suffrage
(aspect de la question qui implique la connaissance des grandes évolutions
du corps électoral américain, ainsi que des modes de
sélection des présidents).
Le programme
dans le B.O. du Ministère de l'Education Nationale.